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Publié le : 18/07/2018 14:37:59
Catégories : Laboratoires
Le célèbre Alchimiste des Plantes est là, assis en face de moi, dans le hall de l’Hôtel Hilton. Simple comme les plantes dont il utilise les vertus en virtuose, l’air bonhomme, avec derrière ses lunettes à monture d’écaille, le sourire malicieux d’un gentilhomme campagnard.
Dans un salon du sous-sol, les meilleurs guérisseurs de France sont réunis en congrès.
- Vous ne faites pas partie du GNOMA ?
- Non! D’abord parce que l’on ne m’a pas invité à en faire partie, ensuite je ne me considère pas vraiment comme un guérisseur. Le terme de guérisseur comporte qu’on le veuille ou non, une connotation médicale. Il est vrai que des gens plus savants que moi prétendent que l’efficacité de mes préparations serait due à l’énergie que j’insufflerais à mon insu durant la phase où je manipule mes produits. Mais je n’ai jamais cherché à savoir si j’avais un don exceptionnel et n’ai jamais magnétisé qui que ce soit, je suis un artisan.
| - Phytothérapeute, alors ? |
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| Au 8 septembre 1855 exactement. Jour de la prise de Sébastopol par les armées alliées franco-anglaises et piémontaises. Au soir de la bataille, le cuirassier Mathieu Bernard, maréchal-ferrant à Carpentras constate que son compatriote et ami, le capitaine-vétérinaire Bernard de sa compagnie, est porté manquant. (Leur homonymie ne comporte aucun lieu de parenté).
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Soudain, près de l’endroit où le cuirassier avait vu pour la dernière fois le capitaine Bernard, il entend une voix familière:
- Lâche ça, espèce de charognard !
C’est bien son ami blessé, aux prises avec un autochtone essayant de le dépouiller ! Son intervention inattendue met le pillard en fuite. Puis, après
avoir appliqué sous ses directives un garrot de fortune à la jambe ensanglantée de l’officier, il le hisse sur son dos et l’emmène au campement.
Sauvé in extremis, le capitaine Bernard convalescent aura la joie de se retrouver à bord du même bateau que son sauveteur, lors de son retour en France. A la veille de leur arrivée à Marseille, pour le remercier de son acte de bravoure, le Capitaine vétérinaire révélera à son compagnon d’armes, la formule d’une pommade miraculeuse, qui lui permettra de soigner efficacement les chevaux blessés. Il lui confie qu’il tient lui-même la recette d’un gitan à qui il a jadis rendu un grand service !
De retour à Carpentras, Mathieu Bernard retrouva sa forge de la place du Théâtre où, il confectionnera lui-même la pommade sans en révéler la composition à qui que ce soit. Entre ses mains l’onguent fera merveille, guérissant avec une rapidité surprenante les chevaux blessés qu’on lui amenait de très loin à la ronde.
| Un jour un paysan qui souffrait d’ulcères variqueux et qu’aucun traitement médical ne parvenait à soulager lui dit: - Si ta pâte guérit un cheval elle guérira bien une bête comme moi !
Heureuse d’alléger les souffrances autour d’elle, elle se contentait de la belle formule dont on la remerciait: |
Même après que Mathieu Bernard son mari eût quitté ce bas monde, et que des difficultés financières surgirent, elle ne modifia pas sa ligne de conduite. Elle éleva ses quatre enfants dans la dignité, par son travail, (elle confectionnait et réparait des ombrelles!) refusant toujours de vendre sa pommade, répondant à ceux qui lui conseillaient d’en faire commerce:
- On ne vend pas à son prochain ce que le Bon Dieu vous donne gratuitement !
- Aujourd’hui les moeurs ont bien changé ! Mais venons-en à vous, Jean Raillon...
- Eh bien, tout enfant déjà je courais la campagne à cueillir ces plantes médicinales que ma grand-mère m’apprenait à reconnaître et que je portais ensuite chez un distillateur qui les transformait en essences aromatiques en échange de quelques pots de pommade pour son usage personnel. Comme l’argent manquait cruellement à la maison, je vendais le surplus de ma cueillette de plantes aux herboristeries de Carpentras, aidant ma famille et gagnant mon argent de poche.
Comme tous les enfants, j’aimais observer les manoeuvres de la troupe stationnée à la caserne de la ville. Je me liai d’amitié avec un caporal de la garnison. Originaire du Pas-de-Calais, il avait une peau très blanche parsemée de boutons qui m’intriguaient. Avec le franc culot du garnement que j’étais, je lui posai un jour carrément la question:
- Etes-vous malade ?
- Qu’est-ce qui te fait croire ça?
Je m’expliquai.
Alors, en riant, il me dit:
- Oh! C’est parce que je suis loin de ma femme! Quand tu seras grand tu comprendras !
A la maison je racontai l’anecdote qui fit bien rire ma mère et ma grand-mère. Je demandai timidement:
- Et si je lui apportais un peu de notre pommade ?
- Bonne idée! approuva Célina, ça pourrait le guérir!
Voilà comment pour la première fois je proposai le baume de Sébastopol autour de moi. L’acné du brave caporal disparut progressivement et je reçus en échange de ma pommade du pain de troupe et différents aliments en provenance de la cantine.
| A douze ans, j’entrai en apprentissage chez un carrossier. En quelques années j’appris tout du métier, de la tôlerie à la peinture automobile. J’aimais aussi beaucoup dessiner. Le dimanche matin, avant la messe, ma grand-mère me transmettait patiemment le savoir qu’elle tenait de sa longue expérience. C’est ainsi que j’appris que l’infusion de thym combat la dyspepsie, que le romarin stimule la digestion, que la sauge tonifie, que la menthe équilibre le système digestif, que le laurier-sauce en infusion diminue la tension, que la camomille relaxe et calme la douleur, que le fenouil rend l’appétit, etc. Ma mère que j’assistais prit peu à peu la relève de la grand-mère pour la confection de la pommade et ainsi le secret de sa composition resta dans la famille. - Quand vous-êtes vous installé à votre propre compte ? |
C’est ainsi que je bus le pastis et jouai à la pétanque avec Fernandel, Raimu, Rellys, Orane Demazis, Ginette Leclerc et toute son équipe. Un jour il m’arriva même de dépanner Pagnol qui tournait La Femme du Boulanger. Son décorateur attitré n’étant pas disponible, je le remplaçai au pied levé, et réalisai en un temps record dans mon atelier automobile, le décor des fameuses scènes de la “boulangerie” !
Quand la guerre survint, mon entreprise de carrosserie était en passe de devenir l’une des plus florissantes de la ville. En marge de mes activités, je donnais toujours la fameuse pommade de Sébastopol de mon grand père aux amis et aux connaissances qui en avaient besoin.
Mobilisé, je fus affecté au 27e R.T.A. Au cours d’une permission, ma mère me remit solennellement la formule de “notre baume”. Démobilisé en juillet 1940, au lendemain de l’Armistice, mon métier de carrossier ne nourrissait plus guère son homme. Les voitures reléguées dans les garages attendaient des jours meilleurs et le retour de l’essence. Pour survivre, je bricolai ici et là, vivotant de quelques travaux de peinture en bâtiment.
Le propriétaire d’un bar que j’avais remis à neuf me signala un jour que Reda Caire cherchait un peintre. La demeure de la vedette était si vaste que j’avais du travail pour deux semaines. Un matin que je fignolais la salle de bains, le célèbre chanteur vint se raser. Comme je le saluais poliment il me répondit d’un hochement de tête très sec.
- Vous avez perdu la voix? plaisantais-je.
Furieux, il partit en claquant la porte. Son valet de chambre m’expliqua que Monsieur avait une extinction de voix, ce qui dans son
métier était catastrophique, car il devait chanter le surlendemain.
A l’heure du déjeuner, je sélectionnai avec ma mère quelques plantes pour préparer une décoction capable de guérir la gorge de mon employeur. J’emportai également un petit pot de notre fameuse pommade.
Reda Caire accepta de faire des gargarismes avec notre préparation et je l’incitai aussi à frictionner sa poitrine et son cou avec notre baume.
Le lendemain, en fin d’après-midi j’entendis en provenance du salon un air de Danilo du premier acte de la Veuve Joyeuse. Grâce aux plantes de notre miraculeuse Provence, Reda Caire était guéri.
Quelques mois plus tard, refusant le travail obligatoire, je gagnai le Maquis dans la région du mont Ventoux où, avec des camarades, nous préparâmes le futur Débarquement
et la libération de notre pays. La guerre finie, je repris mon métier de carrossier. Une fois par mois je m’enfermais avec ma mère dans notre cuisine et je me faisais la main en l’aidant à préparer notre pommade toujours très demandée par parents et amis.
Au printemps de 1958, découvrant le vilain eczéma qui couvrait les mains d’un de mes fournisseurs, je lui conseillai d’essayer notre baume. La guérison de cette affection qu’il traînait depuis onze ans survint au bout d’une dizaine de jours. Enthousiasmé par l’efficacité de notre pommade, il me conseilla de laisser tomber la carrosserie automobile pour me consacrer à diffuser notre produit miracle. L’idée en moi faisait lentement son chemin. Malgré plusieurs expériences de guérison de ce genre, j’hésitais encore à franchir le pas.
Car c’était bien beau de devenir un bienfaiteur de l’humanité, mais comment vivre puisqu’il était de tradition dans la famille de donner gratuitement notre baume.
La guérison d’un de mes anciens compagnon d’armes de ses rhumatismes chroniques, servit de déclic. Peu après, une de mes clientes me demanda ma pommade pour une de ses amies qui souffrait le martyre d’un rhumatisme aux jambes.
Je lui remis un pot de notre onguent et je me dis en moi-même, “si elle guérit, tu t’installes pommadier !”
Quelques jours plus tard ma cliente revint avec son amie. Elle voulait absolument me remercier personnellement de l’avoir guérie.
Cette fois les dés étaient jetés et, en quelques jours, je transformai mon local de l’avenue Camille Pelletan où tant de voitures accidentées avaient retrouvé leur jeunesse, en atelier de pommadier. La grande aventure commençait.
Le succès vint très vite. Car, en avril 1949, la revue Point de Vue me consacrait un élogieux article de deux pages dans le cadre de l’enquête que Françoise Laot effectuait sur les guérisseurs. Dans la semaine qui suivit, des sacs de courrier s’amoncelèrent chez moi, avec des centaines de lettres provenant de toute la France, mais aussi de Suisse, de Belgique, d’Afrique du Nord, du Canada, me demandant l’envoi de la fameuse pommade.
- Un véritable conte de fée !
- Oui, et cela n’est pas fini, car après avoir eu le bonheur de guérir des milliers de malades grâce à ce baume, parmi lesquels nombre de gens célèbres tels John Kennedy pour ses douleurs à la colonne vertébrale, Charlie Chaplin pour son eczéma, Maurice Chevalier pour son intestin, Jean Marais... et j’en passe, j’ai la joie de voir mon petit-fils prendre la relève.
Aujourd’hui Jean Raillon, - j’ai écrit cet article en 1990 - l’alchimiste des plantes vit à Paris, où il a ouvert une boutique dans le 13e. Il a transmis le secret du fameux baume de Sébastopol à l’aîné de ses petits fils qui en assure la préparation dans l’atelier de Marseille. Toujours alerte, Jean Raillon déborde d’enthousiasme. Durant deux heures il me conte avec sa verve méridionale mille anecdotes tirées de son existence tout entière consacrée à améliorer la santé de ses contemporains par les huiles essentielles tirées des plantes.
Ecologiste bien avant que le mot n’existe, il milita toute sa vie pour la préservation de la nature, les médecines douces, la pureté de l’eau. Depuis la mort en 1998 de Jean, son grand-père, c'est son petit-fils Jean-Christophe qui a fidèlement repris le flambeau, et nous propose des produits de grande qualité d’après les mêmes recettes.